samedi 13 mars 2010

LES MAYAS D'HIER

10 sites, 4 musées et toujours des zones d'ombre !

Difficile de saisir d'emblée et facilement ce qui pouvait caractériser cette civilisation...
Ne serait-ce que parce qu'on constate une diversité de coutumes. Par exemple la fameuse question des pyramides : tombeaux ou pas ??! Pendant longtemps on a dit que, contrairement aux pyramides égyptiennes, elles n'abritaient pas de tombes et n'étaient que des soubassements de temples. Or en 1952 est découvert à Palenque le tombeau du roi Pakal :

Stèle qui recouvrait la tombe représentant Pakal tombant dans la gueule du monstre de l'infra-monde

... depuis, d'autres tombeaux ont été mis à jour, à Calakmul et Tonina notamment.
Et il semble bien que d'autres tombes devraient être prochainement découvertes ...


Malgré cette diversité apparente, au bout de nombreuses visites, quelques éléments récurrents sur la culture maya finissent tout de même par émerger.

Tout d'abord les Mayas n'ont pas vécu sur tout le territoire mexicain mais leur civilisation s'étendait sur un vaste territoire correspondant aujourd'hui au Yucatan, Chiapas, Guatemala, et Belize.
Ensuite, pour le cadre historique, ils ont vécu après les Olmèques et avant les Aztèques. L'apogée de leur civilisation correspond à notre Moyen-Age, et se situe entre 250 et 900 ap JC. Avant de décliner vers 1250.
  • Alors extra-terrestres ou pas les Mayas ?!!
Une affiche à l'entrée d'un site se sent obligée de préciser que non !
Bon c'est vrai qu'ils avaient une forme de crâne bizarre !

le typique profil maya
Voici l'explication :
« Ils tiennent pour grande élégance le fait de loucher, ont la tête et le front écrasés entre deux planches dès l’enfance... », c'est ce que note au milieu du 16ème siècle, Diego De Landa, cet étrange moine franciscain de l'Inquisition, considéré à la fois comme le bourreau et le sauveur de la culture maya, car avant de livrer aux feux de l'Inquisition les grands livres mayas, il prit soin de noter tout ce qu’il pu, les mœurs, les rites, les légendes, la mythologie, et surtout les glyphes - caractères de l’écriture maya -, dans un livre de 3000 paragraphes divisés en 225 chapitres, «Relacion de las cosas de Yucatan», énorme manuscrit devenu aujourd’hui la bible des chercheurs modernes. Tantôt décrit comme un odieux fanatique tantôt comme un ami sincère des indigènes, il semble aujourd'hui encore fasciner les esprits.
En tout cas effectivement dans les musées, on nous explique, dessin à l'appui, que l'aplatissement caractéristique du front était obtenu en comprimant le crâne du nouveau-né entre deux planches de bois maintenues attachées pendant plusieurs jours.

C'est aussi qu'il est tenace le racisme occidental ; comment des indiens auraient-ils pu ériger une civilisation aussi brillante ?!!
Brillante en effet elle l'était, notamment en mathématiques et en astronomie. Même obsédés par cela, il faut bien le dire.
Ce ne sont pas les inventeurs du calendrier, mais ils étaient obsédés par le temps et la maîtrise du temps. D'où l'importance de l'observation astronomique et donc la présence dans pratiquement tous les sites d'un observatoire.

Sur cette représentation, on voit un homme observant les astres. Regardez sa position et le rond dans lequel il est représenté. Vous comprenez alors pourquoi certains ont fait des Mayas des astronautes !

Maîtriser le temps à des fins agricoles évidemment - connaître le début et la fin des saisons pour les récoltes, prévoir ou pas la pluie -
mais aussi afin de prédire l'avenir. Par exemple les habitants de Tonina pensaient qu'ils vivaient à l'époque du Quatrième soleil, celui de l'hiver, des miroirs, du Nord, et de la fin de l'humanité.
Ils sont les seuls de toute l'Amérique à avoir mesuré le passage du temps en "compte long", c'est-à-dire à décompter les années écoulées à partir d'une date initiale, 3114 av J-C.
Ils avaient 2 calendriers, un religieux de 260 ans et un solaire de 360 ans, la combinaison des deux ne pouvant se répéter que tous les 52 ans. D'où l'importance du cycle de 52 ans pour les Mayas. Ne me demandez pas pourquoi ; on n'a pas tout compris ! Pourtant on a bien essayé au musée de Chetumal de tourner les roues et d'essayer de comprendre mais en vain ! Alors si pour qqn c'est évident je veux bien l'explication :)

http://www.zepheon.com/images/images-atlantide/civilisations/Ameriques/Mexique/maya/calendrier/maya2.gif
La prophétie maya

  • Les glyphes mayas
L'écriture maya reste encore en partie mystérieuse même si son déchiffrement a considérablement progressé ces dernières années. Ni alphabétique ni syllabique, elle ressemble par certains aspects aux hiéroglyphes égyptiens ou aux anciennes écritures de l'Antiquité grecque comme le linéaire B. Les dessins, appelés glyphes, se présentent sous forme de blocs, avec plusieurs dessins pouvant représenter soit une syllabe, soit un objet, soit une idée.

Glyphes sur un mur à Kabah

Les Mayas avaient écrit de nombreux livres, appelés Codex, dont seuls quatre ont été conservés. Tout le reste ayant été notamment détruit pendant la conquête espagnole.
"Ce dimanche 12 juillet 1562, sur la grande place de San Miguel de Mani au Yucatan, la fumée et les cendres de l’Inquisition emportent 5 000 précieux codex, parchemins délicatement enluminés de couleurs végétales, peints à la brosse de hérisson, des statues de bois finement gravées, des manuscrits en peau de daim et en écorce de figuier sauvage. Ecrits par les anciens pour que leurs descendants ne vivent pas dans l’obscurité, ils disaient le temps passé, l’épopée des ancêtres, leurs rêves, leurs guerres et leurs prophéties, la parole des dieux, le calendrier lunaire, les almanachs, les tables d’éclipses, le mouvement des étoiles, de la planète Vénus. Et les prières à faire pour que Chaac, le dieu de la Pluie, assure d’abondantes récoltes de maïs et de graines de cacauatl, le cacao. Huit siècles de littérature et de culture maya s’en vont"

  • Le Dieu MAÏS !Pour les Mayas, l'homme a été créé par les dieux à partir du maïs.
Dans le palais du gouverneur à Mérida, Fresque de Fernando Pacheco, représentant la création de l'homme à partir du maïs

Le maya c'est donc "l'homme de maïs", et un lien quasi-génétique et sacré unit le paysan maya à la terre. Le maïs est d'ailleurs la clé d'explications à bien des mystères. Si vous cherchez la signification de tels ou tels symboles ou représentations mayas, pensez au maïs !

  • Alors pacifiques ou pas les Mayas ?
On les a en effet souvent opposés aux sanguinaires Aztèques.Les dernières découvertes démontrent pourtant qu'ils pratiquaient eux-aussi, certes de façon beaucoup moins massive, les sacrifices humains. Les Mayas étaient obsédés par la mort, donc par la renaissance.
Par exemple le jeu de balle était moins un sport qu'un rituel, le jeu symbolisant la lutte des forces vitales contre celles de la mort. Il pouvait s'apparenter à un jugement divin et servir à régler les conflits. Deux équipes de joueurs se renvoyaient un gros ballon de caoutchouc plein, ne devant se servir que des hanches et des coudes d'un seul côté de leur corps.
A l'issue du jeu, des victimes étaient décapitées. Et c'est une autre des récurrentes questions : qui étaient décapités, les vaincus ou les vainqueurs ? Sans doute les vaincus, pris par exemple parmi les ennemis captifs.

Anneau du jeu de pelote de Chichen Itza

Mais que tient-il dans la main ?!!

Enfin donner son sang était un rite majeur et une offrande nécessaire pour les Dieux. Comme en témoignent les scènes d'auto-mutilation.

Extrait de Diego de Landa: « Ils offraient leur propre sang, se déchiraient les oreilles par lambeaux, se perforaient les joues, la lèvre inférieure, la langue, y passaient un fétu de paille, ce qui occasionnait de grandes douleurs, et se coupaient le superflu du membre viril... » Quand la souffrance ne suffisait pas, il fallait offrir la vie animale ou humaine : « Les uns donnaient des esclaves ; d’autres, par dévotion, livraient leurs petits enfants », décrit, horrifié, le franciscain. « On amenait la victime dans la cour du temple, les Chacs renversaient la victime avec rapidité et la tenaient tous quatre par les bras et les jambes écartés par le milieu. A cet instant, le bourreau Nacone arrivait avec son couteau de pierre, frappait entre les côtes sous le sein gauche ; puis il y plongeait la main aussitôt et en arrachait le cœur palpitant avec la rage d’un tigre, le déposait dans un plat devant le prêtre qui s’empressait de le saisir pour oindre avec le sang qui en dégouttait le visage des idoles ! ».
Cela dit il faut garder à l'esprit que ce moine était un soldat du Christ, venu au Yucatan avec une obsession : évangéliser les sauvages et sauver leurs enfants de l’enfer. On peut donc s'interroger sur la bonne foi de sa description. C'est l'argument de notre guide à Chichen Itza ; pour justifier l'éradication de la culture maya, il fallait bien que les conquérants espagnols prouvent qu'elle était barbare et sauvage.
  • La cosmogonie maya.
Les mayas rendaient un culte à différentes forces naturelles et différents astres : Vénus, le soleil, la lune, le maïs, l'arbre sacré -le ceiba. Ils représentaient leurs dieux sous forme d'êtres hybrides, avec des attributs d'humains et d'animaux. Le monde des puissances naturelles et surnaturelles, dirigé par des monstres cosmiques, s'organise autour de la bipolarité fondamentale vie et mort, le soleil du jour et le soleil nocturne.

Ils se représentent le monde en trois niveaux, le monde souterrain - l'inframonde - , le monde terrestre, et le monde céleste.

Le tronc du ceiba représente la nature terrestre. Ses branches qui forment une croix supportent tout en haut la voûte céleste. Par quel animal le ciel est-il représenté ?
  • Une société de classes très hiérarchisée
Des agriculteurs aux grands prêtres et au roi.


Les Mayas naviguaient tout au long du Yucatan et des côtes de l'Amérique centrale, établissant ainsi des relations commerciales entre les différentes cités-Etats.

Les célèbres fresques trouvées sur le site de Bonampak (dans le Chiapas) montrent des danses et leurs préparatifs, une scène de bataille, un jugement de prisonniers, les voûtes étant ornées d'images de captifs, de constellations ou du monstre cosmique céleste.


Un peu comme nos églises, il faut imaginer leurs temples et leurs monuments très colorés.


Et il faut imaginer la foule présente au pied des pyramides au moment des grands événements. Et les prêtres qui surgissant en haut des pyramides, dans leur impressionnant costume, et faisant apparaître sur les temples, au moment voulu, tel serpent ou autre phénomène - grâce aux calculs astronomiques - devant une foule médusée !

Sauriez-vous retrouver le site représenté ici ?!

  • L'architecture : la fameuse voûte maya !
Imaginez que l'un des côtés tombe ; est-ce que la voûte s'effondre ?

Arc de Labna

Et bien non !
car elle n'est pas du tout construite comme les voûtes de l'art roman en Occident, où justement la pierre centrale maintient la voûte. Ici la pierre du haut sert en fait de dalle horizontale qui ferme l'espace. La voûte elle repose sur les murs et tient par un système de mortier et de blocage.

Regardez la forme des pierres de la voûte ; elles sont taillées pour s'emboîter.


  • Le fameux mystère ! Comment les Mayas ont-ils disparu ?
Mais ils n'ont pas disparu, ils sont toujours là ! C'est aussi ce que se sent aussi obligé de préciser un panneau !
En fait la civilisation connaît son apogée entre 250 et 900 après JC, puis décline. Mais la population ne disparaît pas. L'Empire romain s'est effondré en 476 mais les Italiens n'ont pas disparu !
Les incertitudes portent sur les causes du déclin :
sans doute davantage un déclin culturel étalé sur un siècle plutôt qu'un effondrement brutal
sans doute une conjonction de facteurs : une déforestation massive qui a fragilisé les sols, une succession de sécheresses, un morcellement politique en cités-Etats qui rivalisent et se ruinent en dépenses somptueuses. Guerres, révoltes, invasions, entraînent des réactions en chaîne et aboutissent au déclin.
Des révoltes qui pourraient être liées aussi au mécontentement de la population contre la banalisation des sacrifices humains après l'arrivée des envahisseurs toltèques au 10ème siècle. Révoltes qui auraient fait fuir les dirigeants et les grands prêtres emportant avec eux les savoirs de cette culture.

Mais le Yucatan compte plusieurs milliers de sites mayas et beaucoup sont encore enfouis et restent à fouiller
Une culture donc qui n'a pas fini de livrer ses mystères ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire